Dans ce livre, le penseur, lui-même coureur de fond, s'attache à décrire les expériences de la pensée à l'épreuve du jogging.

Je cours donc je pense

« Le rythme lent du marcheur a toujours été associé au monde immobile des idées », remarque Guillaume Le Blanc. Le philosophe prend le contre-pied de cette idée. « Le corps du coureur est très présent. Ses états suscitent le questionnement. »

Les idées qui adviennent ne sont pas structurées ni hiérarchisées. Certaines s'inscrivent dans le concret : « Vais-je terminer ma course ? » D'autres sont plus abstraites : « Est-ce que je cours dans le temps ou dans l'espace ? » Pour le philosophe, courir, c'est aller voir ce qui se passe « hors de soi », mais aussi « en soi ».

La liste des courses

Bien souvent, les joggers affirment que leur esprit vagabonde de la liste des courses à la résolution d'un problème personnel.

Coureur urbain, Philippe déroule souvent l'agenda de sa semaine : « Je balaye mes rendez-vous. Parfois, je me sens particulièrement vif. Et d'autres jours, je me demande pourquoi je m'inflige ça. » « Trouver son rythme dans la course induit un rythme de la pensée », remarque l'auteur.

Formule magique

Pour surmonter la douleur, certains usent d'une formule magique, sorte de mantra qu'ils se répètent à l'envi.

Patrice, amateur de côtes vertigineuses, est de ceux-là : « Je me concentre sur une image. » Le philosophe a aussi expérimenté cela : « Le jogger convoque les idées dont il a besoin pour tenir la distance. Certaines résisteront à l'épreuve de la douche, d'autre pas. »

Temps composés

Véronique, marathonienne, s'étonne toujours de sa perception du temps au-delà d'une heure trente. « Lorsque l'on est dans une extrême concentration, le temps semble rétrécir. À l'inverse, il s'étire lorsque la souffrance apparaît. » Le philosophe acquiesce : la course est une expérience du temps.

Voyages

Les joggers affirment courir pour le dépassement de soi. « Si j'ai pu faire 12 km hier, pourquoi pas 15 aujourd'hui ? », se met au défi Véronique. C'est en cela une quête philosophique. « Peu importe ce que l'on recherche, ce qui compte, c'est la recherche elle-même », déclare le penseur.

Paul Valéry disait de la liberté qu'elle est une sensation qui se respire... en courant à pleins poumons, rajouteraient nos joggers philosophes.