On exagère à peine : Sylvie Hascoët, notre grande spécialiste du trail, arrivée au club en septembre 2015, court autant de kilomètres dans une saison que tous les autres athlètes de l’UACA réunis. Bon d’accord, en mettant de côté peut-être nos coureuses et coureurs du Running... Prenons uniquement ses compétitions officielles 2015-2016 : 42 km (on vous fait grâce des 195 m) au Marathon du Médoc, 75 km au Grand Trail des Templiers, 34 km (22 km Menestrail + 12 km Crapahute) au Menestrail Moncontour, 80 km à l’Eco-Trail de Paris, 115 km (et 7 000 m de dénivelé positif !) au Madeire Island Ultra Trail sur l’île volcanique du Portugal, 53 km au Trail La Pastourelle à Salers, 56 km au Trail Golfe du Morbihan, 65 km à la 6000D Trail Long La Plagne, et pour finir 55 km au Championnat de France de Trail long ce premier week-end de septembre à Saint-Martin-de-Vésubie.

Montée au glacier sur la 6000D

De retour de la 6000D, sur les hauteurs de la Tarentaise, le 30 juillet dernier, notre infatigable championne confiait : « Le profil de la 6000D est facile à résumer : 3 500 m de dénivelé positif, puis 3 500 m de dénivelé négatif. Je pars avec le frein à main car je ne veux pas me griller sur l’ascension. Les kilomètres s’enchaînent assez rapidement, arrive la partie la plus difficile au 30e km avec la montée du glacier : beaucoup de pierres qui s’effritent, les appuis sont difficiles même avec les bâtons, et surtout l’altitude à 3 050 m... J’arrive en haut et je me dis que le plus dur est fait. Mais les premiers kilomètres de descente sont galère dans la neige. Puis je déroule aussi bien que je peux et je commence à remonter du monde. Au final, je termine les 65 km en 8h24’, pas trop cassée, avec une remontée de la 14e place chez les femmes en haut du glacier à la 6e place à l’arrivée, 3e dans ma catégorie Vétérane. Mais le lendemain j’avais les cuisses explosées, je ne pouvais plus marcher et j’ai mis quelques jours à m’en remettre... » Si on compte bien, Sylvie a avalé bon train, sur toute sa saison, un total de 575 km sur 9 compétitions (faites la moyenne vous-mêmes). Qui dit mieux ? Et on vous passe un 10 km par-ci, trois cross par-là l’hiver dernier, pour épauler l’équipe féminine de cross de l’UACA. Ce qui à vue de nez avoisine les 600 km. De quoi parcourir un Saint-Brieuc - Arcachon à pied, en passant par Bordeaux. Pourquoi Arcachon ? C’est tout le mystère du monde infini du kilométrage... 

De l’Ouest Trail Tour à l’Eco-Trail de Paris

Il faut ajouter à cette débauche de bornes avalées par Sylvie, ses parcours d’entraînement costarmoricains maintes fois sillonnés, forcément longs lorsqu’il s’agit de préparation de trails ou de raids. Et on ne vous parle pas des dénivelés cumulés (dont un étage de la tour Eiffel), terrains montagneux obligent, des heures passées à courir été comme hiver et des nombreuses places d’honneur décrochées. Ou plutôt si, parlons-en de ses résultats, titres et podiums. Sylvie a tout simplement remporté le Challenge Ouest Trail Tour 2015, avec 4 victoires au compteur pour autant de participations : 1ère au Défi Glazig, 1ère à l’Aber Wrac’h, 1ère à Guerlédan, 1ère au Bout du Monde. Le grand chelem ! Un Challenge OTT qu’elle a gagné à 4 reprises en tout. De là à penser que la Bretagne du Trail est devenue trop petite pour elle... Du coup, Sylvie avait décidé de faire l’impasse sur l’OTT 2016. Et pour la première fois, en mars dernier, elle est allée se frotter à l’Eco-Trail de Paris, 80 km de cavalcade nature (1 500 m de dénivelé et 92 % de sentiers et chemins par bois et forêts) pour partir à l’assaut de la capitale, le tout ponctué par une arrivée unique au 1er étage de la tour Eiffel et ses 350 marches à gravir dans un ultime effort. Résultat pour cette première parisienne : 3e place chez les femmes (49e au scratch sur 2 250 engagés), à 40 secondes de la 2e, et 1ère des Vétéranes.

Une athlète tout terrain et toutes distances

Le plus long trail couru par Sylvie à ce jour : l’Ultra Marin de Vannes en 2014 et ses 177 km (plus de 21 heures de course quand même...), suivi de l’Ultra Trail de Madère cette année avec ses 115 km. Sylvie est également tout terrain et toutes distances, puisqu’elle a déjà couru la corrida de Langueux, le semi-marathon de Trégueux, le marathon de Nantes ou de Vannes, le 100 km du Semnon et même des 3 000 m sur piste. Cet hiver, elle a fait une apparition remarquée sur les cross : championne des Côtes-d’Armor en Seniors-Masters femmes (2e de la course au scratch), championne de Bretagne en Masters femmes (5e au scratch), championne des Inter-Régions en Masters femmes (16e au scratch). Ancienne footballeuse de bon niveau (D1 féminine), sous le maillot de clubs briochins, Sylvie a longtemps bridé sa foulée et cantonné ses courses dans un rectangle vert de 100 m de long sur 50 m de large. Un peu trop étroit pour qui rêve de grands espaces. Jusqu’au jour où elle décide de s’affranchir des limites, d’élargir son terrain de jeu, de sortir des stades pour se lâcher sur les rubans d’alsphate ou galoper en pleine nature, par monts et par vaux... Sylvie goûte à ses premières courses sur route en 2007, à sa première course nature en 2008 dans la vallée du Goëlo... Changement d’horizon et d’ambiance, le monde du trail la séduit, elle en fait sa passion. La footballeuse se métamorphose en traileuse, la Terre entière pour nouveau ballon rond.

Seule Bretonne présente au Championnat de France de Trail

Pour Sylvie, ce France de Trail long marque le point d’orgue d’une saison bien remplie en courses, en kilomètres, en voyages, en efforts et douleurs, en litres de sueur. Ça valait bien une petite semaine de vacances pour souffler un peu, avant d’attaquer une saison 2016-2017 riche en nouveaux défis et objectifs.