Cette fois, pas question de destinations lointaines, de cimes alpines ou de Grand Sud, de Portugal ou de Massif central. Sylvie Hascoët, notre championne UACA de trails et ultra-trails, a décidé de « jouer à la maison », comme disent les amateurs de ballon rond, avec un saut de puce à Lannion. Après un échauffement hivernal sur les cross de début de saison, en renforçant l’équipe féminine du club, Sylvie s’est alignée au départ de l’Ultra-Trail des Côtes-d’Armor (UTCA). Au menu de ce plat de résistance : 78 km (dénivelé : 850 m D+) à la force des jambes, sur un parcours garanti 100 % marin au fil du fameux sentier des douaniers ou GR®34. Du solide et du consistant sur fond de superbes paysages, alternant plages, dunes, estran, sous-bois, le tour de l’Ile Grande, et une pincée de trail urbain pour assaisonner le tout. Du casse-pattes assuré. Elle n’était pas la seule de l’UACA à s’aventurer sur le 78 km de l’UTCA, puisque Mickaël Martin, alias « Kymaï », coureur du groupe Running, est venu se frotter là à son premier ultra-trail, dans une sorte de saut dans l’inconnu. Son objectif : glaner des points pour décrocher le ticket qui ouvre les portes du Grand Raid de La Réunion (165 km avec 9 717 D+), plus connu sous son appellation « La Diagonale des Fous ». Certains diront d’ailleurs qu’il faut être un peu fêlé pour s’attaquer à pareils défis...             

Objectif : les 78 km en moins de 7 heures de course

Dès la veille de l’UTCA, la presse locale avait fait de Sylvie la grande favorite du 78 km. Pas étonnant au regard de son palmarès : vainqueure du Challenge Ouest Trail Tour 2015, seule Bretonne présente au Championnat de France de Trail 2016 dans le Mercantour, 3e féminine à l’Eco-Trail de Paris 2016... et on en passe... Mais l’Ultra-Trail longue distance n’est pas forcément une science exacte. Tout le monde peut « casser » en chemin, même les plus fort(e)s. Et Sylvie, riche de son expérience, ne se préoccupe que de son propre tempo : « Si on écoute les journaux, il n’y avait pas de concurrence pour moi sur cette course. Ça tombe bien puisque de toute manière je ne regarde jamais les autres concurrentes présentes. Je me fixe un temps et j’essaie de l’atteindre, et peu importe la place que cela ouvre... Pour les 78 km de cet UTCA, mon objectif était de passer sous la barre des 7 heures, sachant que lors de l’édition 2016, la première, qui n’est autre que Stéphanie Le Floch, une très bonne traileuse, avait mis 7h21’. » Quant à Mickaël, l’objectif était de bien apprivoiser la distance et de finir si possible pas trop entamé.      

Le tour de l’Ile Grande... le phare de Beg Leguer...

Une fois le peloton des 300 ultra-traileurs lâché dans la nature, à chacun(e) de trouver sa vitesse de croisière, son train idéal, sans se brûler les ailes. Et comme rien ne peut remplacer le direct commenté, laissons Sylvie raconter sa course de l’intérieur, comme elle l’a vécue : « A 7 h 30, le départ est donné à la lueur des lampes frontales... la mienne restera éteinte, car franchement on voit bien où on met les pieds, c’est donc un petit lest de plus qui ne sert à rien... mais matériel obligatoire... J’ai mis ma Garmin en route en sachant qu’il faut que je tourne à l’allure de 5’15’’ au km à peu près. J’ai eu le temps de croiser vite fait Kymaï pour lui souhaiter une bonne course et lui donner quelques derniers conseils, pour lui c’est une première. On part tranquillement en se freinant, car en début de course on va toujours trop vite. Après un début de course au parcours monotone, on arrive en vue de Perros-Guirec, le paysage devient plus agréable. Le premier ravito est prévu au 12e km. C’est pas que j’ai hâte d’y être mais ça donne des repères de course. Finalement, il est à plus de 15 km... Bubu (mon soutien logistique du jour) m’attend avec tout ce que je lui ai demandé dans un coin un peu reculé. Echanges de flasques et de quelques mots. On suit maintenant le sentier côtier – notre cher GR®34 si magnifique – au gré des chemins, des plages et des ports... Les km s’engrangent vite. Je passe au deuxième puis au troisième ravito avec toujours le même rituel. Juste un petit bémol : le vent est en train de forcir, il faut parfois lutter pour avancer. Entre le troisième et le quatrième ravito, il y a 22 km avec le tour de l’Ile Grande. Je retrouve Bubu à l’entrée de l’île. Par curiosité, je demande combien fait le tour de l’île pour avoir une idée de temps. Personne ne le sait. La première partie passe bien, mais la seconde est laborieuse avec un vent important et la fatigue qui commence à se faire sentir. Finalement à la sortie de l’île on me dit que le tour faisait entre 6 et 7 km... J’arrive au 60e km en à peine 5 heures, je me dis que c’est bizarre, qu’il doit manquer des km au compteur. Au ravito, ils me disent qu’il reste 18 km de course, le compte est finalement bon. Je file ma montre GPS à Bubu car désormais on court comme on peut, plus rien ne se calcule. On repart sur une plage puis sur le sentier des douaniers. Je sais qu’il me reste à boucler 9 km + 9 km. Si je veux passer sous les 7 heures, je n’ai pas le droit de trop marcher ou de ralentir. J’enchaîne dans des petites montées-descentes-plats en essayant d’apercevoir le phare au loin qui annonce l’entrée du bras de mer qui mène à Lannion : le Leguer. Ça y est, je le vois ! Je bifurque au niveau du phare pour une petite grimpette, puis la redescente sur le dernier ravito tant attendu, synonyme de 9 km de l’arrivée. Chemin de halage pendant 4 interminables km, puis un petit “urban-trail” dans Lannion avec de longues montées, suivies de longues descentes, des volées de marches, et un petit tour de stade pour terminer. Je regarde ma montre, je suis dans mes temps. Mission accomplie. Après une bonne douche, je vois que je suis 12e au scratch et que la deuxième femme est à 32 minutes. En attendant le podium, j’attends Kymaï en espérant que ça se passe bien pour lui. J’arrive à savoir où il se situe. Il termine ce trail relativement frais. Fatigué bien sûr, mais pour lui aussi mission accomplie : il engrange ses premiers points indispensables pour aller courir la Diagonale des Fous à La Réunion. Encore une comme ça, Kymaï ! »

Au final : Sylvie termine 12e au classement général et 1ère femme, sur 240 classé(e)s, en 6h54’ ; Mickaël, alias Kymaï, finit 97e (25e SEM) en 8h41’.

Kymaï est ravi : « Mon premier ultra-trail dans les cannes ! » 

Alors Kymaï, pas trop dure cette première expérience au-delà des 60 km ? « C’était mon premier ultra-trail et en plus du côté de notre belle côte de Granit rose. Un départ aux aurores pour un périple de 78 km sur un parcours relativement roulant. Mon objectif : gérer, finir sans bobo, tout en appréciant le parcours et le défi en jeu. Premiers km peu passionnants sur route afin d’atteindre le GR®34 et la côte. Beaucoup de beaux panoramas à admirer, mais il ne faut pas trop ralentir : la route est longue jusqu’à la Maison des Sports de Lannion où se trouve l’arrivée. Une bonne ambiance parmi les traileurs, on s’encourage, on plaisante, on s’accroche... Le casse-croûte est prévu entre le 42e et le 60e km, avec une longue portion entre deux ravitos où il faut serrer les dents pour rester dans le coup. Le vent vient mettre son petit grain de sel sans toutefois être trop handicapant. Le décor fait dérouler plus rapidement les km, je vis mon premier ultra-trail à la sensation en suivant simplement le kilométrage. La dernière partie est usante mentalement avec une longue portion plate et sablée en ligne droite, avant d’atteindre le centre de Lannion, pour finir par les “fameuses” marches de la cathédrale. J’envoie sur les derniers km pour le plaisir et finir à belles foulées. C’est fait ! J’ai atteint mon premier objectif pour valider le graal de La Réunion. Mon premier ultra-trail dans les cannes malgré une préparation très très light. Mais j’ai pu compter sur les conseils de Sylvie, de Nathalie et Denis les coachs, et sur le soutien de Bubu et Benoit tout au long de cette journée. Un beau parcours, un balisage parfait, des bénévoles fort agréables et enthousiastes sur les ravitos. Maintenant, place au Maratona di Roma, le 2 avril, avec un team de choc... » 

Le trio UACA du Trail 18 bornes

Ce même jour d’UTCA à Lannion, 3 autres traileurs du groupe Running de l’UACA avaient choisi un format plus modeste : le Trail CMB du Leguer 18 km, au départ du port de Trebeurden, via le sentier côtier GR®34 et le chemin de halage. Avec tee-shirt et galette-saucisse pour tous les participants en guise de récompense. Par ordre d’arrivée : Hervé finit 68e (8e V2M) en 1h49’’ sur 243 classé(e)s, Gaël qui a accompagné son épouse Florence, 134e (38e V1M) en 2h02’’, Aurélie 229e (26e SEF) en 2h28’’. Bravo à nos trois braves du 18 bornes !

Pour conclure, Denis, le coach du groupe Running avec Nathalie, tient à saluer le travail des bénévoles du club sur cette édition UTCA 2017, aux côtés des organisateurs de l’association CD 22 Athlétisme : « Il faut savoir que des runners de l’UACA ont participé à cet événement en tant que bénévoles. Je tiens à les citer et à les remercier : Valérie et Christine étaient présentes le samedi pour la remise des dossards ; Lydie, Laure et Emilie le dimanche sur le ravitaillement de l’arrivée. Merci à toutes les cinq ! » 

Un grand merci à Benoit, qui étant blessé et quand même par monts et par vaux pour prendre des photos de nos runners.

Les photos.

Les résultats.

Les photos du site de l'UTCA.