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Un samedi ensoleillé sur le stade Hélène-Boucher. Les loupiots et loupiotes de l’Ecole d’Athlé galopent et s’égaillent comme volées de moineaux : une partie de ballon prisonnier par-ci, des relais course-poursuite ou des bonds dans le sable du sautoir par-là... Ailleurs, les Benjamines et Benjamins répètent leurs gammes. Alors que les Minimes travaillent sur des haies, des plots, du fractionné demi-fond... Un peu à l’écart, côté cage de lancers et sautoir en hauteur, un petit groupe intrigue par son étrange ballet fait de rotations, de voltes, virevoltes, bras en tourniquet, passements de jambes ou pieds façon toupie. Et un drôle d’engin entre les mains : un boulet en acier au bout d’un câble en acier terminé par une poignée ; le boulet pouvant peser de 2 kg à 7 kg selon les catégories d’âge, et réglementairement en compétition : 4 kg pour les juniors-seniors femmes, 7,260 kg pour les seniors hommes. Bienvenue à l’entraînement du groupe des lanceuses et lanceurs de marteau de l’UACA, sous la conduite de leur entraîneur emblématique Jean-Claude Lenay, à la parole experte et au ton jovial et blagueur. Signe de l’immense plaisir qu’il prend à entraîner son petit monde.
Humilité, humour, décontraction chez nos accros du marteau
Le groupe du marteau à l’UACA, ce sont des athlètes et un entraîneur qui travaillent toute l’année sur l’aire de lancers du stade, une fois par semaine, le samedi après-midi, dans la plus totale discrétion. Humilité, décontraction et blagues aux lèvres sont leur marque de fabrique. On ne prête pas assez souvent attention à eux. Pourtant, que serait un club d’athlétisme digne de ce nom sans ses lanceuses et lanceurs de marteau ? Sans sa discipline sans doute la plus méconnue vue de l’extérieur, qui tirerait ses origines d’« anciennes pratiques celtes ». Avec une gestuelle aux allures de rite mystérieux, entre moulinets, ronde en accéléré, pas de danse et semblant de pirouettes. Une question nous taraude : qu’est-ce qui fait que l’on tombe un jour accro au marteau ? comment peut-on se prendre de passion pour ce boulet plutôt ingrat et malcommode ? En un mot, comment devient-on un(e) toqué(e) du marteau ? Si on a bien compris, cet engin d’apparence brut et fruste peut procurer, à qui sait l’apprécier et le maîtriser, de véritables moments de grâce. Certain(e)s disent que le marteau leur est tombé dessus comme une révélation.
Première compète de la saison à Paimpol
Pour en savoir plus, rembobinons le film du début de saison, avec un retour sur le Challenge de lancers longs qui s’est déroulé le 11 novembre dernier à Paimpol. Ça fait un bail maintenant. Et on se dit que cette compétition passée inaperçue sur le moment est la parfaite occasion pour faire connaissance avec le groupe de lancer de marteau de l’UACA. Ce jour de l’Armistice du 11 novembre, ils étaient 4 de l’UACA (2 lanceuses et 2 lanceurs) engagé(e)s sur cette compétition (voir résultats année 2016). Accompagné(e)s de leur coach Jean-Claude, et de notre jeune champion du javelot, Baptiste Daniel. Ce jour-là à Paimpol, il y avait Cécile Le Bartz, notre lanceuse Espoir, au marteau de 4 kg : un meilleur jet à 34,18 m (4e du concours), et dans sa besace un record à 39,92 m établi à Caen en juin 2015. Dans le même concours, on trouvait Amélie Lucas, notre Senior plus expérimentée : un meilleur jet à 33,32 m (6e du concours), et un record à 41,78 m signé en mai 2004 à Dreux, avec 7 lancers au-delà des 40 m à son palmarès. Côté hommes, on avait Tom Le Gal, notre Junior, au marteau de 6 kg : un meilleur jet à 35,07 m (5e du concours), et un formidable jet record à 43,66 m réalisé à Brive en octobre 2016, le jour où l’équipe Cadets-Juniors garçons de l’UACA est devenue championne de France des Interclubs. Comme tous ses coéquipiers, Tom était revenu de Corrèze la médaille d’or autour du cou. A ses côtés à Paimpol, il y avait Jean-François Mahé, notre Véréran débutant : un meilleur jet à 23,53 m pour son premier concours en compétition.
Un groupe extra : Cécile, Amélie, Tom, Jean-François, Jean-Yves et Hélène
Et maintenant, entrons dans le cercle pas si fermé que ça des lanceuses et lanceurs de l’UACA. Et faisons connaissance avec nos 5 athlètes estampillés marteau. Nous avons donc Cécile, Amélie, Tom et Jean-François, présents à Paimpol, et depuis peu Jean-Yves Le Gal, le papa de Tom, à qui le fiston semble avoir refilé le virus. A nos 5 fanas du marteau, il faut ajouter Hélène Caingnard, notre lanceuse de disque Espoir (un record à 30,04 m au disque 1 kg établi en mai 2016 à Lamballe), qui suit ses études à Paris et retrouve ses camarades des lancers longs à chaque période de vacances. Et voilà notre groupe au complet. Qui ne demande qu’à s’étoffer et à se renforcer... Entre deux conseils et une plaisanterie du coach, Cécile revient sur son concours de Paimpol en novembre : « Il y avait une ambiance sympa et familiale entre lanceurs, une compète à petite affluence idéale pour lancer la saison. Les performances n’ont pas été fameuses. Elles tiennent à plusieurs paramètres : l’aire de lancer, la forme du jour, si on est dedans ou pas... A Paimpol j’ai quand même bien sauvé les meubles. A mes débuts de lanceuse, je n’avais pas le marteau dans l’esprit, j’ai commencé avec le disque. Et puis un jour j’ai goûté au marteau, j’ai ressenti de bonnes sensations, et puis voilà... » Son vœu le plus cher pour cette saison : dépasser la marque des 40 mètres : « Depuis le temps que j’attends ce moment ! »
En hiver, technique, corrections, renforcements et travail de fond
Il faut voir Jean-Claude le coach guider tout son petit monde de la voix et du geste. Jamais à court d’un trait d’humour. Il explique en quoi consiste une saison de lancers longs : « A Paimpol, c’est vrai, nos quatre lanceurs n’ont pas été transcendants. Mais ce n’est pas la bonne période de l’année pour les performances. Il faut faire tout un travail sur la technique, le travail de fond, les corrections, les renforcements. Les phases d’entraînement de l’hiver permettent de remettre les choses en place. Nos lanceuses et lanceurs attendent dix mois de l’année pour deux mois de véritables compétitions, de fin avril à début juillet. C’est long, ça génère de l’impatience. Tom, par exemple, a fait une contre-peformance à Paimpol par rapport à son lancer de Brive aux France Interclubs, mais on est en période de réglage. S’il travaille bien, à raison d’une seule séance par semaine, je précise, et c’est très peu, il peut viser entre 45 m et 50 m en fin de saison. Il lui manque du travail, du renforcement musculaire et de la PPG. On ne peut pas tout faire sur 2 heures d’entraînement pas semaine. La saison prochaine, je serai plus disponible, nous pourrons passer à deux séances par semaine. »
Coordination, vitesse, puissance musculaire et relâchement
Jean-Claude l’entraîneur, qui connaît son sujet sur le bout des doigts, parle d’un groupe qui a du potentiel. Il passe en revue ses troupes : « Amélie, elle est grande, elle lance bien, son petit défaut est qu’elle n’arrive pas encore à devancer le marteau. Comme on dit : “elle est trop sur le marteau”, ça se travaille, et vu ses qualités... Cécile, elle est pleine de qualités, elle est volontaire, mais ne croit pas assez en elle. Elle est un peu en retard par rapport à son potentiel, il reste à travailler sur quelques manques techniques. Cécile a au moins 42 m dans ses cordes si elle arrive à faire un bel arraché à la fin. Tom, il est rapide mais manque de force physique, il est encore trop impatient, trop bouillant de caractère. Jean-François, c’est un vrai plaisir, il montre que les quinquas peuvent se mettre au marteau sur le tard et apprendre toujours et encore. Il a un bon esprit, il apporte beaucoup de bonne humeur et de convivialité au groupe. La bonne humeur est l’ingrédient indispensable chez les lanceurs. Il y a aussi Jean-Yves, le père de Tom qui s’est mis non sans difficulté au lancer de marteau à... 60 ans. Même si notre objectif n’est pas de former un club de vétérans, il est sympa de voir comment cette discipline intrigue et attire à tout âge. Dans ce cas de figure, il est à noter que Jean-Yves le père court désespérément après Tom le fils. Mais ce que l’âge nous donne en sagesse, il nous l’enlève en fougue... Et dans la bande, je n’oublie pas Hélène, notre lanceuse de disque : elle ne manque jamais de venir s’entraîner quand elle revient à Saint-Brieuc, elle a des qualités et un état d’esprit elle aussi irréprochable. » Au fait Jean-Claude, quelles sont les qualités premières d’un lanceur ou d’une lanceuse de marteau ? « Il faut de la coordination, de la vitesse, de la puissance musculaire... un peu les qualités d’un bon sprinter. On travaille également énormément sur le relâchement. Le lancer du marteau est un compromis entre vitesse et relâchement, avec une phase brève et explosive sur la fin. Les filles trouvent cette discipline très ludique, avec cette sensation de tourner longtemps, c’est technique, c’est long... Des quatre lancers, c’est sans doute le plus plaisant avec ses deux moulinets et ses quatre tours. La championne française Manuela Montebrun a raconté un jour pourquoi elle aimait le marteau. Ça lui rappelait quand elle était enfant, dans la cour de récréation, où elle se tenait bras tendus et mains à mains avec une copine et qu’elles tournaient, tournaient... Elle aimait retrouver ces sensations au cours de ses lancers. »
Une bonne dose d’ivresse, des souvenirs de jeunesse, de chouettes sensations, un cocktail mêlant explosivité et décontraction, un panachage de technique et de ludique, le tout assaisonné de malice et de bonne humeur. Vous avez là tous les ingrédients pour vous faire aimer le marteau. Un sacré boulet qui peut vous faire un bien fou. Le dimanche 7 mai prochain, pour le premier tour des Interclubs à Saint-Brieuc, sur leur stade de cœur, nos lanceurs seront comme des lionnes et des lions en cage pour apporter des points précieux au club.
Dernier résultat en compétition : Tom au Championnat de Bretagne de lancers longs, le 19 février dernier, à Saint-Renan : un meilleur jet à 36,40 m.
Zoom sur Jean-Claude Lenay, entraîneur marteau et lancers longs à l’UACA
Jean-Claude
est arrivé au club en 1980, tout droit venu de l’Evreux AC Athlétisme, son club
précédent en Normandie. A une époque où le club s’appelait le SBAC (Stade
Briochin Athlétic Club) et pas encore l’UACA (fondé en 1986). Autant dire que
le temps passant, Jean-Claude est aujourd’hui un historique du club. Il se
qualifie lui-même d’autodidacte qui s’est toujours entraîné seul. Dès son
arrivée à Saint-Brieuc, il signe un record à 47,32 m sur deux tours. Par la
suite, il passe à trois tours, avec « une technique assez approximative »,
reconnaît-il encore aujourd’hui. Mais il progresse très vite, et entre 1981 et
1989, il devient champion et recordman de Bretagne du marteau, avec un record à
60,78 m. En 1988, il se fait opérer du genou pour un problème de ménisque et
est contraint d’arrêter la compétition. Jean-Claude est toujours recordman du
club avec son jet à plus de 60 m, et recordman des Côtes-d’Armor en Vétérans
avec un jet à 47,93 m réalisé en 2002 à Quimper. Il a participé à des
Championnats de France en estival et indoor (8 indoors). Il s’est classé 9e à
un France indoor en lancer lourd : un marteau de 15,8 kg, et 36 cm de long, à
propulser sur une aire de lancer de poids. Du musclé ! Inutile de préciser que
le marteau n’a plus de secrets pour lui...
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