Mettez des athlètes en confinement prolongé, ils finissent par devenir comme des fauves en cage. Bien sûr, on leur a délivré leur petit bon de sortie : 1 heure pour se dégourdir les jambes dans un rayon de 1 km autour du domicile. Une misère pour notre marcheur Patrick Le Gargasson au tempérament bouffeur de kilomètres. Comme beaucoup, Patrick a été un confiné fort contrarié. Et il s’est juré de prendre une belle revanche dès que la fenêtre s’ouvrirait. Car Patrick a de drôles d’occupations : comme se lancer dans de longs raids à pied, avec grosse dépense d’énergie à la clé et bilan zéro carbone au compteur... du 100 % éco-responsable. A la toute fin août, le voilà donc sur la ligne de départ du 24 heures de Villenave-d’Ornon (29 et 30 août dernier), commune de Bordeaux Métropole, dans la douce Aquitaine. A ses côtés, 78 coureurs et 15 autres marcheurs-marcheuses. Devant eux comme un défi : 24 heures d’affilée pour abattre le plus de kilomètres possible, autant dire un festin d’activité physique après le jeûne forcé du confinement. Le décor est réduit à sa plus simple expression : un circuit en boucle composé de 900 m sur piste en tartan augmenté de 200 m de bitume (1 100 m la boucle). Et un slogan maison : « 24 heures de bonheur ».  

« Marcher, marcher, toujours marcher, pause et repos interdits »

Imaginez un instant : vous prenez une tranche de 24 heures de votre vie. Et vous décidez comme Patrick, allez savoir pourquoi, de l’occuper à marcher, marcher, marcher... Le jour et la nuit, sans dormir, sans faiblir, en tournant en rond sur un circuit, une pause par-ci, une pause par-là... Un gros jour de marche, quoi. Combien de kilomètres pensez-vous parcourir au final ? Sans doute beaucoup, si on se réfère à la distance moyenne parcourue à pied par jour et par personne qui est de 800 m à 1,3 km dans nos pays développés. Notre marcheur Patrick, lui, avait un objectif sous la casquette : 150 km. Sa stratégie ? « Je me suis donné une consigne : marcher, marcher, toujours marcher, pause et repos interdits. Je me suis alimenté tout en marchant, jus de légumes, compote et biscuits... 24 heures, je confirme, c’est très long ! J’en suis arrivé à décompter les quarts d’heure. Le plus dur pour moi : les pieds en feu et le gros coup de barre de 5 heures à 7 heures du matin. Et à l’arrivée : 146,885 km parcourus, une moyenne horaire de 6,151 km. Je finis 2e marcheur de ces 24 heures et 29e au classement scratch avec les coureurs. » 

Patrick sous le soleil, Patrick sous la pluie, Patrick dans la nuit... 

Et concrètement, comment ça se passe un 24 heures marche ? A peu près ainsi : Patrick sous le soleil, Patrick sous la pluie, Patrick dans la nuit, Patrick entre chien et loup, Patrick sous le soleil retrouvé, Patrick concentré sur sa technique marche athlétique, Patrick en sortie de piste, Patrick à l’attaque du bitume, Patrick avec ou sans lunettes de soleil, Patrick avec ou sans casquette, Patrick en maillot ou coup-vent, Patrick avec la casquette à l’envers... ou de travers, Patrick réfugié dans ses pensées, Patrick avec la grimace à moins que ce soit un sourire, Patrick passé par toutes les émotions... Et quand sonne la 24e heure ? Un immense soulagement et la petite joie intérieure qui s’allume avec la fierté d’être allé jusqu’au bout. Prêt pour un autre 24 heures ? Patrick calme aussitôt le jeu : « Houla, à consommer avec modération... Que c’est dur la récup les jours d’après ! Je suis rincé. » Et il adresse ce message solidaire à un autre marcheur de grand fond et toute nouvelle recrue du club : « A suivre ce week-end Fabien Deparday engagé sur les 28 heures de Roubaix. Pensées à lui... » 

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